Une histoire des sciences sans idéologie est-elle possible ?
Youssef Ben Othman  1  
1 : Université El Manar

Dans cette communication, j'essaierai d'interroger la manière selon laquelle deux figures marquantes de l'histoire et de la philosophie des sciences du XXe, Alexandre Koyré et Thomas Kuhn, ont abordé l'histoire des sciences modernes, notamment ce qu'on appelle « révolution scientifique » dans le domaine de l'astronomie. Il s'agit de deux approches historiographiques distinctes (« La révolution astronomique : Copernicus, Kepler, Borelli » et « La révolution copernicienne ») dans leur référent paradigmatique mais qui s'inscrivent bel et bien dans une tradition historiographique qui n'est pas affranchie de toute forme de lecture idéologique surévaluant la science européenne et reléguant au rôle de simples conservateurs de la science grecque l'apport des savants arabes. En se gardant de toute position apologétique du rôle de la science arabe dans le développement de la science européenne (la thèse de Sigrid Hunke, « Le Soleil d'Allah brille sur l'Occident : Notre héritage arabe » (1960)) ou idéologique prétendant la transmission directe du savoir grec à l'Europe médiévale sans l'intermédiaire arabo-musulman (la thèse de Sylvain Gougenheim, « Aristote au Mont Saint-Michel » (2008)), notre propos verse plutôt dans une approche historiographique « sans idéologie » qui se veut intégrative, globalisante et plus objective, en se référant essentiellement aux travaux de Roshdi Rashed qui, depuis les années 70 du XXe siècle, milite pour une nouvelle histoire des sciences basées sur des « rationalités plurielles » et mettant en cause l'idée d'un « miracle grec » et/ou « européen » au source de la science moderne et de la raison scientifique en général.



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