Il y a dans la culture d'al-Andalus un certain nombre de textes sur la classification des sciences. Certains sont des traités monographiques, comme le bien connu Marātib al-ʿulūm d'Ibn Ḥazm (384/994-456/1064). La majorité des textes sont simplement des chapitres ou des sections de traités plus larges, comme les contributions d'Ibn ʿAbd al-Barr (369/978-463/1071) ou d'Ibn Bājja (m. 533/1138). Chaque auteur considère les sciences depuis sa propre perspective (Ibn ʿAbd al-Barr, celle de l'homme de religion, Ibn Bājja, celle du philosophe). À partir du milieu du VIIe/XIIIe siècle, nous trouvons certains textes sur la classification des sciences, moins connus que les précédents, dans diverses œuvres d'auteurs de premier ordre : le philosophe et mystique Ibn Sabʿīn (ca. 613/1216 - ca. 668/1270), le savant Abū l-Qāsim ibn Juzayy (693/1294-741/1340) et le célèbre médecin et polygraphe Ibn al-Khaṭīb (713/1013-776/1374). Les deux derniers furent des figures marquantes de la vie intellectuelle et politique du royaume nasride de Grenade. Les classifications des sciences ne reflètent pas seulement l'opinion d'un auteur donné, mais elles sont aussi largement influencées par la situation des sciences dans la société à laquelle appartient l'auteur. Le principal objectif de cette contribution est d'analyser les classifications d'Ibn Sabʿīn, Ibn Juzayy et Ibn al-Khaṭīb dans le contexte de la pratique scientifique et philosophique de la dernière période de l'islam andalou, particulièrement dans le royaume nasride de Grenade.
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