Arrivée en Occident au xiie siècle par le biais du vaste mouvement de traduction en latin de textes arabes, l'alchimie s'est rapidement développée en Europe. Au xiiie siècle sont composés les premiers textes alchimiques en langue latine, et ce nombre ne fait qu'augmenter durant toute la fin du Moyen Âge. Le corpus des textes alchimiques latins des xiie-xive siècles forme une mosaïque fascinante et complexe, comprenant plusieurs centaines d'œuvres aux origines et aux attributions diverses. Le contenu des traités est non seulement théorique, mais aussi pratique. Cette double nature a contribué à alimenter de vifs débats sur la légitimité de l'alchimie et sa place parmi les savoirs de l'époque. Des savants importants de la période ont donné leur avis sur cette science ou technique, et même ceux qui y étaient opposés se sont vu ensuite attribuer des opuscules alchimiques. La pratique répandue de la pseudépigraphie et les liens intriqués entre les textes, notamment à travers des citations croisées, ajoutent à la complexité de cet ensemble. Face à cette richesse textuelle, notre présentation a deux objectifs. Elle vise d'une part à explorer la nature des relations entre les traités de ce corpus, au travers d'exemples choisis. Nous aborderons notamment quelques textes du corpus attribué à Raymond Lulle : les liens que ces textes entretiennent entre eux, au sein du corpus pseudo-lullien, et avec d'autres œuvres, comme celles du corpus attribué à Arnaud de Villeneuve, sont tout à fait représentatifs de ce réseau textuel complexe. Nous proposerons d'autre part un bref aperçu d'ensemble de cette production littéraire au contenu alchimique des xiie-xive siècles, pour enfin explorer des pistes pour le rendre accessible aux chercheurs de façon évolutive.
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