Entre 660 et 665 Sévère Sebokht, évêque et abbé du monastère syriaque orthodoxe de Qenneshré en Syrie, échange sept lettres à teneur astronomique et géographique avec un certain Basile de Chypre. Écrites dans une ambiance de rivalité avec la communauté grecque maronite orchestrée par le premier calife omeyyade, ces lettres apportent le précieux témoignage d'une volonté de transmettre la science hellène et de l'utiliser à des fins pratiques (prédiction d'éclipses, fixation du calendrier, détermination des coordonnées des villes, etc.). La communication s'appuiera sur la lecture de ces lettres dont cinq sont encore inédites et en cours de publication (par Olivier Defaux et Émilie Villey), la Lettre sur les climats et l'astrolabe a été publiée en 2023 (O. Defaux & É. Villey, « La Lettre sur les climats de Sévère Sebokht, édition, traduction et commentaire », Semitica & Classica 16, p. 215-256) et la Lettre sur l'origine de la science a été publiée en 2000 (E. Reich, « Ein Brief des Severus Sēḇōḵt », dans M. Folkerts & R. Lorch (éds), Sic itur ad astra : Studien zur Geschichte der Mathematik und Naturwissenschaften : Festschrift für den Arabisten Paul Kunitzsch zum 70. Geburtstag, Wiesbaden, p. 478-489). Ce corpus de lettres syriaques constitue donc une nouvelle pièce au puzzle d'une histoire des sciences en contexte méditerranéen. Elles révèlent par ailleurs que des savants de langue syriaque vivant sur le bassin méditerranéen étaient les récepteurs d'une science qui se fabriquait en Inde, puisque la Lettre sur les origines de la science contient la plus ancienne attestation de chiffres indiens en monde méditerranéen. Cet élément fera l'objet d'un recoupement avec d'autres trouvés dans des textes astronomiques ou des chroniques syriaques témoignant de l'influence non seulement de la science indienne, mais aussi de la science chinoise.
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