Gundissalinus constitue une figure particulièrement représentative de la réception et de la traduction d'ouvrages arabes en langue latine, en particulier à Tolède dans la seconde moitié du XIIe siècle. Il ne s'affiche pas seulement comme traducteur, mais se distingue également en tant qu'auteur de traités où il construit sa pensée propre à partir du corpus préalablement traduit du grec et de l'arabe. Dans cette perspective, son étude présente un intérêt fondamental pour la compréhension du débat scientifique et philosophique qui se renouvelle au XIIe siècle et qui nourrit ensuite en profondeur la pensée scolastique pendant plusieurs siècles. Parmi ses œuvres, le De divisione philosophiae, qui connaîtra une grande diffusion et qui exercera une large influence (Hugonnard-Roche 1984), marque une étape supplémentaire dans le développement de la classification des sciences, en intégrant un éventail plus large de sources de référence, avec l'ajout remarquable d'Avicenne, d'Algazel et d'Isaac Israeli, ou encore de Boèce et d'Isidore de Séville. L'ouvrage repose ainsi en grande partie sur le principe avicennien de la subordinatio, qui formalise les relations entre les disciplines scientifiques selon un système hiérarchique entre species et partes, et offre une synthèse originale à partir des autres sources susmentionnées et d'une lecture nouvelle du corpus aristotélicien (Polloni 2017).
Dans cette contribution, nous tâcherons de faire le point sur les avancées récentes concernant la compréhension de cet ouvrage original, avec une focalisation sur la place de la science naturelle et ses finalités, à partir de l'influence exercée par Avicenne.
- Poster